Ecoute-nous de Liz Coley

Titre : Ecoute-nous (Pretty Girl-13)

Auteur : Liz Coley (Etats-Unis)

Date de parution : 26 mars 2014

Editeur : Presses de la Cité

Nombre de pages : 293

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– Angie, où… où étais-tu passée ?

– Je campais avec les scouts…

– Tu campais, répéta-t-il. Tu campais ? Pendant trois ans ?

Angela a treize ans quand elle disparait d’un camp de vacances. Lorsqu’elle rentre chez ses parents, trois ans ont passé. Trois années dont elle n’a aucun souvenir. Ou était-elle tout ce temps ? Que lui est-il arrivé ?

Sans la moindre réponse à ces questions, Angela tente de reprendre une vie plus ou moins normale, avec l’aide d’une psychologue qu’elle consulte désormais régulièrement. Alors qu’elle cherche à retrouver la mémoire, son comportement devient de plus en plus étrange et incontrôlable. La jeune fille l’ignore, mais ce qu’elle a vécu est encore plus terrifiant que tout ce qu’elle a pu imaginer…

« Quand elle était partie camper, elle était une enfant normale, une fillette de sitcom ou d’émission tous publics. Aujourd’hui, elle était devenue à son corps défendant la vedette d’une série policière bien trash. On était en train de réécrire le script de sa vie. Sans sa permission. »

 Ecoute-nous est l’histoire d’Angela, jeune fille kidnappée à l’âge de treize ans pendant qu’elle campait dans les bois avec son groupe de scouts. Trois ans plus tard, Angela, alors âgée de seize ans, refait mystérieusement surface, rentrant chez ses parents comme si rien ne s’était passé. Elle n’a absolument aucun souvenir des trois années qu’elle a passé en captivité, et c’est petit à petit, grâce à l’aide de sa psychologue, que la mémoire va lui revenir…

Ecoute-nous est présenté comme un thriller psychologique, je le qualifierai plutôt de roman psychologique puisqu’il n’y a pas la dimension de suspense, de danger imminent que l’on retrouve habituellement dans les thrillers. Et même si ce qu’à subi Angie durant sa captivité est vraiment horrible, on ne rentre jamais dans les détails et ce n’est rien qu’un lecteur habitué aux polars/thriller n’a pas déjà lu. Rien de très effrayant donc. L’intérêt de l’histoire tient surtout dans le cheminement de l’héroïne pour retrouver ses souvenirs des trois dernières années et se reconstruire après ce traumatisme.

Ce n’était donc pas tout à fait ce à quoi je m’attendais, mais ça ne m’a pas dérangée pour autant. Ce roman traite des troubles dissociatifs de l’identité, un sujet vraiment fascinant à mes yeux, et il est rare qu’un livre sur ce sujet me déplaise. De plus, dans la plupart des thrillers psychologiques abordant les TDI, c’est le méchant qui souffre de ce trouble (ce qui explique pourquoi il est méchant) et on ne s’attarde pas tellement sur ce qui se passe dans sa tête. Là, dans Ecoute-nous, Liz Coley nous offre une approche différente : on plonge vraiment dans la psychologie de la patiente, comment les différentes personnalités communiquent avec elle et comment elle arrive, petit à petit, à reconstituer son moi fragmenté. J’ai trouvé cette approche vraiment intéressante, on sent que l’auteure a vraiment fait des recherches pour travailler la psychologie de son personnage. Je n’ai pas tardé à me laisser emporter par l’histoire et à tourner les pages sans même m’en rendre compte.

« Qu’y avait-il de si terrible, de si effrayant, au point qu’elle ne pouvait se l’avouer à elle-même ? »

J’aurais en revanche bien du mal à dire si je me suis attachée à Angie ou non. Je pense que c’est surtout la manière dont interagissaient ses personnalités qui m’a plu, beaucoup plus qu’Angie elle-même. Et puis le fait qu’elle soit habitée par plusieurs « personnes » ayant leur identité propre l’a rendue difficile à cerner, puisqu’on ne sait jamais trop quelle est la part d’elle-même et la part de ses alters dans son caractère.

J’ai été par contre beaucoup plus marquée par quelques personnages secondaires, notamment Kate, l’amie d’Angie. La jeune fille assume totalement d’être une « paria » dans son lycée, et se sert de cette position pour dire ce qu’elle pense et faire ce qu’elle estime être le mieux, sans se soucier du regard des autres. Je trouve son attitude plutôt courageuse dans un monde où les apparences sont – à tort, d’ailleurs – tellement importantes.

Les jumeaux Ali et Ibrahim m’ont aussi beaucoup plus, ils apportent une touche de romantisme et de douceur au roman. La petite romance entre Angie et Ibrahim est vraiment mignonne.

J’ai aimé beaucoup de choses dans ce livre, mais il est bien loin d’être un coup de cœur. J’ai surtout été dérangée par le manque de profondeur et la trop grande simplicité de certains aspects de l’histoire. J’aurais aimé en savoir un peu plus sur ce qui est arrivé à Angie pendant les trois années où elle a disparu. On sait globalement tout ce qui s’est passé (on s’en doute largement avant que ce soit révélé, d’ailleurs), mais absolument aucun détail n’est donné. J’aurais souhaité des passages plus longs sur ces évènements là, que les moments clés soient racontés en flashbacks par exemple, pour accentuer l’aspect « thriller » du roman.

D’autre part, l’auteure a fait pas mal de raccourcis faciles dans son récit, les choses s’enchaînent et tombent en place un peu trop vite et trop facilement à mon avis. De même j’ai trouvé le style d’écriture un peu trop simple pour le thème abordé.

Il est vrai que je m’attendais à un roman adulte alors qu’Ecoute-nous est en réalité un roman Young Adult, donc mes attentes étaient peut-être de ce fait un peu trop hautes.

En conclusion, je dirais que Liz Coley nous propose ici un bon roman qui apporte un point de vue intéressant sur les troubles dissociatifs de l’identité, au cœur de la psychologie du patient. Je le recommande à tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin à ce sujet mais gardez en mémoire qu’il s’agit de YA, donc n’en attendez pas trop sur l’aspect thriller.

« Certains secrets, on doit les garder en soi. A jamais. »

Merci à Babelio et aux éditions Presses de la Cité pour cette lecture !

Il s'agit d'une réédition de Angie, 13 ans, disparue, publié en 2013 aux éditions France Loisirs. Personnellement je trouve que le titre de cette réédition est beaucoup plus représentatif du contenu que celui de la première édition.