Titre : La patience du
diable
Auteur : Maxime Chattam (France)
Date de parution : mai 2014
Editeur : Albin Michel
Nombre de pages : 496
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Le mal peut-il contaminer ceux qui le traquent ?
Un go-fast pris en flag qui transporte bien pire que de la drogue...
Deux ados qui tirent sur les passagers d’un TGV lancé à pleine
vitesse...
Des gens ordinaires découverts morts... de terreur.
Le diable mène le bal, le monde est devenu fou. Lieutenant à la
section de recherches de Paris, Ludivine Vancker comprend bientôt qu’un fil
sanglant relie ces faits divers. Rien ne pourra l’empêcher de remonter la piste
à sa source. Aux racines de la peur.
« Ludivine en
était à présent convaincue, la violence était épidémique. Hautement contagieuse.
Il suffisait que la société soit fragile pour être contaminée. »
Maxime Chattam, c’est mon Dieu littéraire quand il s’agit de
thrillers, et au lieu de me jeter sur son nouveau roman dès sa sortie, je me le
suis gardé exprès en réserve pour la période d’Halloween. Parce que pour se
donner quelques sueurs froides, je crois qu’il n’y a pas mieux.
Malheureusement, je dois bien avouer que
je m’attendais à mieux. Ma déception est évidemment à la hauteur de mes
attentes, parce qu’il faut dire aussi que j’avais placé la barre très haut. Ca
reste un très bon roman malgré tout.
Dès les premières pages, le ton
est donné : le roman ouvre sur une scène sanglante, deux adolescents
qui massacrent sans aucun état d’âme les passagers d’un TGV (anecdote : j’étais
justement dans un train quand j’ai lu cette scène. Certes c’était un TER
allemand et pas un TGV, mais quand même, j’en menais pas large !) Et ce n’est que le début. Rapidement, les
tueries s’enchaînent : fusillade dans un restaurant, attaque à l’acide
dans un supermarché, et j’en passe. Derrière
tout ça : le diable, ou tout du moins un tueur machiavélique qui se
prend sérieusement pour ce personnage.
Maxime Chattam explore de nouveau son sujet de prédilection : les
bas-fonds de l’âme humaine, le mal et sa propagation. Ici, la question qu’il soulève est : la violence est elle
contagieuse ? Existe-t-il un virus de la violence ? Et c’est vrai
que le portrait de notre société qu’il
dépeint dans ce roman est glaçant de réalisme. On sent que tout ça pourrait
réellement se produire, qu’il suffit que quelqu’un ouvre la voie pour que d’autres
suivent et laissent libre cours à leur pulsions violentes entraînées par l’accumulation
des frustrations quotidiennes. Et je
crois que c’est ça qui fait le plus peur, finalement, dans ce livre.
La patience du diable remplit tout à fait son rôle de page-turner
diabolique (oui le jeu de mots était facile, je sais) et vous donne bon
nombre de hauts le cœur devant la barbarie de certaines scènes. Cependant, j’ai été un peu déçue, parce que
j’ai eu comme une impression de
déjà-vu... Maxime Chattam excelle à créer les psychopathes les plus tordus
tout en leur conférant une bonne dose de réalisme, c’est indéniable. Il n’a pas
suivi une formation de criminologue pour rien. Mais j’ai le sentiment qu’il tire finalement toujours sur les mêmes ficelles, en tout cas pour le coup
je n’ai pas du tout été surprise, j’ai deviné l’identité du coupable au moment
même où celui-ci fait son apparition dans le roman. Est-ce que c’était parce
que c’était vraiment évident ou parce que ça ressemblait trop à ce que l’auteur
avait fait par le passé, je penche pour la seconde solution, mais il faudrait
voir si quelqu’un qui n’a pas encore « l’expérience » des thrillers
de Maxime Chattam démasque le méchant aussi vite que moi. Toujours est-il que du coup, je n’ai pas frissonné autant que j’aurais
dû vers la fin, quand les choses s’accélèrent. J’avais surtout envie de
hurler aux enquêteurs que la réponse était sous leur nez. Par ailleurs j’ai aussi trouvé la fin un peu facile, trop de coïncidences
et de gentil qui débarquent pile au bon moment pour sauver la victime du grand
méchant. Le roman est certes très
réaliste dans son ensemble, mais pour le coup, le final en manque un peu, de
réalisme.
Pour finir je voudrais parler du personnage principal, Ludivine Vancker, pour qui j’ai des
sentiments mitigés. Je l’aimais bien
dans La conjuration primitive, mais
son évolution dans La patience du diable...
je ne sais pas trop quoi en penser. Ludivine
est devenue entièrement dévouée à la traque du mal, une dévotion à la limite de
l’obsession, qui la pousse à prendre des risques inconsidérés. D’un côté,
je comprends que ce qu’elle a vécu 18 mois plus tôt (dans La conjuration primitive, donc) lui ait laissé des traces
indélébiles, mais d’un autre côté, elle m’a franchement agacée par moments par
son côté obsessionnel et son manque apparent de réflexion qui la fait se jeter
droit dans la gueule du loup plusieurs fois. C’est certes un personnage
intéressant, mais je ne sais pas si j’ai hâte de la retrouver dans un prochain
roman.
En bref, un bon thriller avec
de bonnes idées et qui vous donne quelques belles sueurs froides, mais qui suit
malheureusement un schéma trop classique, en tous cas venant de cet auteur.
Ne vous y trompez pas, j’ai quand même passé un excellent moment, et ce petit raté
n’enlève rien au talent de Maxime Chattam, mais il est capable de beaucoup
mieux, et il serait peut-être temps pour
lui de se renouveler.
Je vous le recommande si :
vous aimez les thrillers avec plein de sang et des psychopathes bien dérangés,
mais qui laissent tout de même une belle part à la réflexion en plus du côté
action et horreur. Je vous conseille de lire La conjuration primitive avant, d’une
part parce que c’est une tuerie (dans tous les sens du terme !) et d’autre
part parce qu’il y a pas mal de référence à ce qui s’y est passé dans La patience du diable.
Un avis qui me donne vraiment envie de découvrir ce "nouveau" roman de Maxime Chattam dont je suis fan , mais comme je n'ai pas encore lu La conjuration primitive je ne pense pas le lire tout de suite. Chaque chose en son temps ;)
RépondreSupprimerLa conjuration primitive d'abord c'est mieux, en effet. En plus il est vraiment génial celui-là :)
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