samedi 1 novembre 2014

La patience du diable de Maxime Chattam






Titre : La patience du diable
Auteur : Maxime Chattam (France)
Date de parution : mai 2014
Editeur : Albin Michel
Nombre de pages : 496





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Le mal peut-il contaminer ceux qui le traquent ?

Un go-fast pris en flag qui transporte bien pire que de la drogue...
Deux ados qui tirent sur les passagers d’un TGV lancé à pleine vitesse...
Des gens ordinaires découverts morts... de terreur.
Le diable mène le bal, le monde est devenu fou. Lieutenant à la section de recherches de Paris, Ludivine Vancker comprend bientôt qu’un fil sanglant relie ces faits divers. Rien ne pourra l’empêcher de remonter la piste à sa source. Aux racines de la peur.


« Ludivine en était à présent convaincue, la violence était épidémique. Hautement contagieuse. Il suffisait que la société soit fragile pour être contaminée. »

Maxime Chattam, c’est mon Dieu littéraire quand il s’agit de thrillers, et au lieu de me jeter sur son nouveau roman dès sa sortie, je me le suis gardé exprès en réserve pour la période d’Halloween. Parce que pour se donner quelques sueurs froides, je crois qu’il n’y a pas mieux. Malheureusement, je dois bien avouer que je m’attendais à mieux. Ma déception est évidemment à la hauteur de mes attentes, parce qu’il faut dire aussi que j’avais placé la barre très haut. Ca reste un très bon roman malgré tout.

Dès les premières pages, le ton est donné : le roman ouvre sur une scène sanglante, deux adolescents qui massacrent sans aucun état d’âme les passagers d’un TGV (anecdote : j’étais justement dans un train quand j’ai lu cette scène. Certes c’était un TER allemand et pas un TGV, mais quand même, j’en menais pas large !) Et ce n’est que le début. Rapidement, les tueries s’enchaînent : fusillade dans un restaurant, attaque à l’acide dans un supermarché, et j’en passe. Derrière tout ça : le diable, ou tout du moins un tueur machiavélique qui se prend sérieusement pour ce personnage.

Maxime Chattam explore de nouveau son sujet de prédilection : les bas-fonds de l’âme humaine, le mal et sa propagation. Ici, la question qu’il soulève est : la violence est elle contagieuse ? Existe-t-il un virus de la violence ? Et c’est vrai que le portrait de notre société qu’il dépeint dans ce roman est glaçant de réalisme. On sent que tout ça pourrait réellement se produire, qu’il suffit que quelqu’un ouvre la voie pour que d’autres suivent et laissent libre cours à leur pulsions violentes entraînées par l’accumulation des frustrations quotidiennes. Et je crois que c’est ça qui fait le plus peur, finalement, dans ce livre.

La patience du diable remplit tout à fait son rôle de page-turner diabolique (oui le jeu de mots était facile, je sais) et vous donne bon nombre de hauts le cœur devant la barbarie de certaines scènes. Cependant, j’ai été un peu déçue, parce que j’ai eu comme une impression de déjà-vu... Maxime Chattam excelle à créer les psychopathes les plus tordus tout en leur conférant une bonne dose de réalisme, c’est indéniable. Il n’a pas suivi une formation de criminologue pour rien. Mais j’ai le sentiment qu’il tire finalement toujours sur  les mêmes ficelles, en tout cas pour le coup je n’ai pas du tout été surprise, j’ai deviné l’identité du coupable au moment même où celui-ci fait son apparition dans le roman. Est-ce que c’était parce que c’était vraiment évident ou parce que ça ressemblait trop à ce que l’auteur avait fait par le passé, je penche pour la seconde solution, mais il faudrait voir si quelqu’un qui n’a pas encore « l’expérience » des thrillers de Maxime Chattam démasque le méchant aussi vite que moi. Toujours est-il que du coup, je n’ai pas frissonné autant que j’aurais dû vers la fin, quand les choses s’accélèrent. J’avais surtout envie de hurler aux enquêteurs que la réponse était sous leur nez. Par ailleurs j’ai aussi trouvé la fin un peu facile, trop de coïncidences et de gentil qui débarquent pile au bon moment pour sauver la victime du grand méchant. Le roman est certes très réaliste dans son ensemble, mais pour le coup, le final en manque un peu, de réalisme.

Pour finir je voudrais parler du personnage principal, Ludivine Vancker, pour qui j’ai des sentiments mitigés. Je l’aimais bien dans La conjuration primitive, mais son évolution dans La patience du diable... je ne sais pas trop quoi en penser. Ludivine est devenue entièrement dévouée à la traque du mal, une dévotion à la limite de l’obsession, qui la pousse à prendre des risques inconsidérés. D’un côté, je comprends que ce qu’elle a vécu 18 mois plus tôt (dans La conjuration primitive, donc) lui ait laissé des traces indélébiles, mais d’un autre côté, elle m’a franchement agacée par moments par son côté obsessionnel et son manque apparent de réflexion qui la fait se jeter droit dans la gueule du loup plusieurs fois. C’est certes un personnage intéressant, mais je ne sais pas si j’ai hâte de la retrouver dans un prochain roman.

En bref, un bon thriller avec de bonnes idées et qui vous donne quelques belles sueurs froides, mais qui suit malheureusement un schéma trop classique, en tous cas venant de cet auteur. Ne vous y trompez pas, j’ai quand même passé un excellent moment, et ce petit raté n’enlève rien au talent de Maxime Chattam, mais il est capable de beaucoup mieux, et il serait peut-être temps pour lui de se renouveler.

Je vous le recommande si : vous aimez les thrillers avec plein de sang et des psychopathes bien dérangés, mais qui laissent tout de même une belle part à la réflexion en plus du côté action et horreur. Je vous conseille de lire La conjuration primitive avant, d’une part parce que c’est une tuerie (dans tous les sens du terme !) et d’autre part parce qu’il y a pas mal de référence à ce qui s’y est passé dans La patience du diable.

2 commentaires:

  1. Un avis qui me donne vraiment envie de découvrir ce "nouveau" roman de Maxime Chattam dont je suis fan , mais comme je n'ai pas encore lu La conjuration primitive je ne pense pas le lire tout de suite. Chaque chose en son temps ;)

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    1. La conjuration primitive d'abord c'est mieux, en effet. En plus il est vraiment génial celui-là :)

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