jeudi 18 décembre 2014

Xénome de Nicolas Debandt







Titre : Xénome
Auteur : Nicolas Debandt (France)
Date de parution : 2014
Editeur : L’Homme Sans Nom
Nombre de pages : 397




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« Je me souviens très bien du jour où je naquis à la conscience. Il y a des jours comme ça qui ne s’oublient pas. Celui-ci était un 4 février. Celui de l’année 2184. »

Yann se réveille, sans savoir qui il est ni d’où il vient. Impliqué malgré lui dans une affaire de vol d’œuvres d’art au Louvre, il débute sa vie au rythme effréné de la fuite, des rencontres, des choix et des révélations.


«  Comment ?
Pourquoi ?
Cette quête de sens et de finalité, ce besoin de comprendre et de se projeter, de s’inscrire dans un tout qui dépasse sa propre condition, cette interrogation perpétuelle sur la vie, était destinée à tous les êtres humains. Sans distinction de classe ni d’espèce, si tant est qu’on les libère des maillages de la peur, des étiquettes imposées et des pensées conditionnées. »


Je n’avais jamais rien entendu sur ce livre, je ne savais même pas de quoi il parlait, mais j’ai su qu’il me le fallait dès le moment où j’ai aperçu le dos, ou plus exactement la molécule d’ADN représentée sur le dos. Bien que je n’aie jamais été douée dans ce domaine, je trouve les questions de génétique absolument fascinantes. N’importe quoi traitant de ce sujet, donc, ne pouvait qu’être que prometteur. Et je n’ai pas été déçue, puisque Xénome a été le coup de cœur que j’attendais désespérément depuis septembre !

Nous suivons l’histoire de Yann, qui se réveille brutalement en plein milieu du musée du Louvre. Il n’a aucun souvenir, ni de qui il est, ni d’où il vient. Il est en quelque sorte comme un nouveau-né, à la différence qu’il est déjà âgé d’une trentaine d’années. A travers la quête du jeune homme pour faire la lumière sur ses origines, nous découvrons également le futur que l’auteur a imaginé pour notre société. En effet, notre héros et ses acolytes évoluent en 2184 dans un Paris surpeuplé où les rues se superposent sur plusieurs niveaux et où la structure sociale repose sur un système de castes totalement imperméables les unes par rapport aux autres puisque ce n’est rien d’autre que le code génétique qui détermine l’appartenance d’un individu à l’une ou l’autre de ces castes. L’Homo Sapiens a disparu, remplacé par quatre nouvelles humanités hiérarchisées, de l’Homo Operaris, en bas de l’échelle, destinée aux tâches d’exécution, à l’Homo Aureus, la caste des décideurs.
En même temps que cette révolution génétique, s’est également développée une nouvelle technologie : le WebSoc, un réseau social qui présente des ressemblances troublantes avec Facebook, à la différence qu’il n’est plus du tout question de vie privée puisque non seulement il est impossible de se déconnecter, mais en plus, tous les aspects de votre vie y figurent, visibles par tous, que vous le vouliez ou non.
Nicolas Debandt a vraiment fourni un énorme travail dans la création et la description de son univers. Il est d’autant plus réussi qu’on ne peut s’empêcher de se dire qu’à la vitesse où progresse la technologie de nos jours, cette société contrôlée par les réseaux sociaux et où les gènes sont des biens de consommation comme les autres pourrait bien être la notre dans un futur pas si lointain. Et ça fait froid dans le dos.

Les personnages sont également très bien travaillés. Yann est le héros de l’histoire mais il est loin d’être le seul que nous allons suivre. Il est néanmoins le seul dont le point de vue est écrit à la première personne, nous plongeant directement dans ses pensées tandis qu’il découvre l’univers dans lequel il s’est éveillé, et son identité personnelle. Ce n’est pas forcément évident de se mettre dans la tête de quelqu’un qui vient au monde du jour au lendemain, en étant déjà adulte, mais je trouve que l’auteur s’en est très bien tiré. En tous cas, il a très bien retranscrit les émotions par lesquelles passe Yann à mesure qu’il découvre, qu’il se découvre.
Parmi les autres personnages, ma favorite a été Naya, une Obediensis qui s’est « débridée », c’est-à-dire qui s’est échappée de la condition inhérente à son code génétique en s’auto-mutilant. Elle fait partie d’un réseau clandestin de résistants, qui va recueillir Yann lorsqu’il sera à son tour recherché par la TransTrad, l’autorité suprême. Cette jeune femme apparaît forte et invulnérable, mais cache en réalité une nature beaucoup plus sensible, et c’est pour cette raison que j’ai autant apprécié apprendre à connaître son personnage.
L’autre personnage qui m’a marquée, c’est l’inspecteur Roussel. Policier, bon citoyen qui respecte les lois à la lettre au départ, il en vient progressivement à prendre conscience des dérives de cette société. J’avoue que même après avoir terminé le roman, je n’arrive toujours pas à déterminer s’il m’a plutôt plu ou agacée, mais une chose est sûre : il ne m’a pas laissée de marbre.

J’ai également beaucoup apprécié le choix qu’à fait l’auteur pour la fin. Ce n’est pas la fin à laquelle on pourrait s’attendre, je dirais même qu’elle n’est pas très conventionnelle, mais c’est pour cette raison qu’elle m’a plu. Je n’ose pas trop en dire de peur de vous spoiler, mais disons simplement que là où le roman aurait facilement pu appeler une suite voire embrayer sur une trilogie, nous avons une vraie fin, pas totalement fermée non plus mais qui clôture bien l’intrigue commencée au départ.

Pour finir, voilà un excellent roman de science-fiction/anticipation avec une touche de thriller pour lui donner du rythme. La psychologie des personnages y est très développée, et l’univers futuriste n’en reste pas moins très réaliste. Et si avec tout ça je ne vous ai toujours pas convaincus qu’il vous faut absolument le lire, je ne peux plus rien faire pour vous mes pauvres petits !

Je vous le recommande si : vous aimez les romans d’anticipation, vous recherchez des personnages approfondis et fouillés.

2 commentaires:

  1. Je ne suis pas une grande fan de science fiction, mais ton avis me donne envie de le découvrir malgré tout. Et puis les livres de L'Homme sans nom sont souvent des pépites alors... ça sent le craquage ou du moins l'ajout à ma WL.

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    1. Je n'ai lu que deux romans des éditions de L'Homme sans nom, mais les deux ont été de gros coups de cœur alors c'est un bon argument pour un craquage ^^

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